Disney Dream Portrait » d’Annie Leibovitz, les suivantes sont de William Eggleston, Matthew Shave et du studio Staudinger+Franke.
Dans mes premiers articles je vous passerais l’analyse quant à « l’objet » en lui-même qui constitue une comparaison entre les différentes images que je vais vous présenter. De même, comme je vous propose en téléchargement le document en lui même, j’épurerais les articles 😉 Et sinon, pour les flemmards ou les curieux, vous pouvez aussi directement sauter à la conclusion ou télécharger la version PDF.
Blanche Neige et les sept Nains.
Anna Lou (Annie) Leibovitz est une photographe américaine spécialisée dans les portraits de célébrités. Elle insiste sur leur glamour avant tout, et les met régulièrement en scène. Leibovitz travaille principalement pour des travaux de commande de la part de magazine comme Rolling Stone, Vanity Fair, ou Vogue. Ses images sont souvent très travaillées tant au moment de la prise de vue, qu’en post-production. Ses cadrages sont généralement assez classiques et les mises en scènes théâtrales et … cinématographiques ! La série Disney Dream Portraits personnifie les personnages classiques des dessins animés Disney, à l’aide de célébrités, son but étant de nous sortir de notre ordinaire pour nous emmener vers un monde extraordinaire.
Description visuelle
Annie Leibovitz dans cette image représente deux personnages, la Reine Grimhilde et le Miroir magique, c’est-à-dire les méchants du conte Blanche Neige.
Au fond, contre le mur, il y a un drapé bleu et doré, symbolisant la souveraineté. Sur les murs également, des lanternes et à l’avant plan un chaudron produisant de la fumée bleue. Le costume de la Reine est vraiment mis en avant dans cette image, c’est à partir de là que l’on reconnait le dessin animé de Walt Disney: la robe est en velours bleu foncé avec des manches longues, et un col blanc remontant très haut. La Reine porte une couronne dorée et une grande cape en velours également (bleu pour la surface extérieur et rouge pour la partie intérieur), qu’elle attache autour de son cou par un gros médaillon doré. Cette tenue parait lourde, mais la Reine les manipule avec facilité, évoquant la force et le pouvoir de ce personnage. La Reine parait également grande, avec un visage très beau.
Composition et réalisation technique
La photographie est réalisée en très légère contre plongée, et en plan large rendant la posture de la Reine plus importante et la situant dans un contexte et un décor. Comme dis en introduction, le cadrage est en effet particulièrement classique, se basant sur la règle des tiers : le miroir se situe sur le point de force supérieur gauche, et le visage de la reine est sur une ligne de force.
On distingue deux formes principales dans cette image, un triangle formé par la reine dont le sommet est son visage, et un ovale correspondant au miroir. Il existe aussi un mouvement tournant autour de la Reine et créé par les courbes de l’architecture de son château notamment les escaliers, et l’estrade sur laquelle elle se trouve.
La lumière et les couleurs
La lumière provient essentiellement du miroir Magique et des lanternes (feu). Le visage de la Reine (de 3/4 de dos par rapport au miroir) est tout de même très éclairé, et d’une lumière blanche. Connaissant les photographies des coulisses, la lumière de son visage provient en réalité d’un parapluie softé de ¾ haut et face, situé entre elle et le miroir. L’environnement lui est plutôt sombre, rappelant le début de la nuit (liée à l’histoire racontée). Le visage d’Alec Baldwin, dans le miroir lui, sort de l’obscurité. Seulement une petite surface de son visage est éclairée et de surcroit par une lumière particulièrement dure et de face, qui renforce les ombres.
La nuit et les lanternes imposent donc des teintes bleu et orangé, rappelant la couleur de la robe et de la cape de la Reine. Le rouge (signifiant souvent les méchants dans les dessins animés) se trouve en plein centre de l’image, entourant Olivia Wilde, et la faisant avancer visuellement dans l’image alors que le bleu se retrouve aux extrémités, et simule la froideur de la Reine et du château. Les couleurs sont donc plutôt intenses, et symboliques (même si réalistes). Ces couleurs créent une ambiance cinématographique, rappelant à la fois les couleurs vives d’un dessin animé et l’environnement d’un méchant de Walt Disney.
Cette série d’image a été commandé par la Walt Disney Company afin de promouvoir ses parcs d’attractions. Annie Leibovitz cible donc plutôt les enfants, ou les grands enfants, qui regardent ces dessins animés remplis de magie, afin de les inciter à venir au parc, découvrir un univers enchanté.
De plus, une légende est apposée sur les images ventant les mérites des parcs, avec une phrase liant le conte et le rêve. Ici la légende était « Where Magic Speaks, Even When You are not the Fairest of them All », en rapport avec la question que pose la Reine «Mirroir, miroir, dis moi qui est la plus belle ? ». Parmi les autres légendes on trouve également «Where you never have to grow up » pour Peter Pan par exemple.
Le but de la photographe est donc de raconter une histoire, afin de séduire de potentiels clients pour la Walt Disney Company. Elle ne représente pas seulement un conte, mais un lieu entier à visiter. La possibilité pour nous, d’entrer dans l’univers magique des contes, des dessins animés Disney. Et même si la scène n’est pas réelle, qu’elle est mise en scène, l’ambiance fantastique et cinématographique crée un rêve pour les fans.
Annie Leibovitz à sorti, pour Noël dernier, à la fois un livre et une masterclass. Je viens d’entamer cette Masterclass mais n’ai fait que feuilleter son livre « Portraits 2005-2016 » publié chez Phaidon. L’impression m’a paru particulièrement bonne mais ne contenait pas vraiment ce qui m’intéressait. A savoir du texte, du vécut, ou la philosophie photographique de Leibovitz… On m’a donc redirigé plutôt vers ses livres « At Work » et « A photographer’s life ». Je vous en parlerais surement un jour 😉
Très intéressant, merci pour cette étude !
( « orange et bleu » pour faire la nuit … mouais … on a connu plus original, non ? 😉 )
Super cette analyse. J’aimerais bien voir ce genre d’articles plus souvent.
As-tu des livres a conseiller sur oe sujet « comment lire des images »?
A part ca, il est comment le livre d’Annie Leibovitz au travail?
Merci beaucoup !
Malheureusement je n’ai pas pu l’acheter… Un ami l’a et le trouve suuuuper intéressant. Pour comment lire des images je te conseillerais Introduction à l’analyse de l’image, de Martine Joly (j’ai la 3e édition), accompagné de quelques livres type Pourquoi ceci n’est pas une photo ratée, de Jackie Higgins ou Dans l’oeil des maîtres de la photo, de Paul Lowe.