L’offre de formation en photographie en France est à la fois très fournie, mais finalement aussi assez peu documenté. Il est parfois difficile de se repérer entre les différentes écoles – de Gobelins à l’EFET en passant par SPEOS – de savoir ce qui compose chaque diplôme, et en fin de compte, quelle formation pourrait être faite pour nous.
Je vous ai déjà fait, avec l’aide d’anciens élèves, un petit tour d’horizon des différents cursus photo en France. Aujourd’hui, je vous fais un retour complet sur ma formation à Gobelins, l’école de l’image. Si vous voulez connaître les dessous de Gobelins avant de vous engager auprès de votre banque et faire un choix de formation éclairé, c’est le moment de continuer à lire !
À qui s’adresse le bachelor photo de Gobelins ?
Quelque chose que j’ai remarqué très vite (parce qu’étonnant après une sélection sur concours) c’est la nécessité d’avoir un bon bagage technique pour profiter de ce temps à Gobelins l’école de l’image. En effet, même si la sélection se fait maintenant après le bac, les fondamentaux de la photographie et/ou de la vidéo ne sont pas réellement enseignés. En fait, rien n’est réellement « enseigné » de manière scolaire. Les informations sont toutes à aller chercher auprès des formateurs (s’ils sont appelés coordinateurs, ce n’est pas pour rien), auprès des intervenants ou auprès d’autres camarades. Au point qu’en dernière année certains ne maitrisaient toujours pas la différence entre une lumière dure et une lumière contrastée, ou n’étaient pas capables de définir ce qu’était un diaphragme. Rien de grave en soi, et certainement pas la faute des étudiants en question qui étaient pourtant passionnés et motivés, mais difficile à avaler à quelque mois de l’obtention d’un bachelor (bac+3) en photographie.
L’entraide entre élèves aura été primordiale pour moi, et c’est à mon sens là que réside la force de Gobelins : 35 élèves venant d’autant d’horizons différents, du bac scientifique, au master d’art contemporain, en passant par des fac de langues, les beaux-arts, ou des formations continues professionnelles. Chacun d’entre nous est arrivé avec sa propre approche qu’il aura perfectionnée, creusée, développée au fur et à mesure des trois années, avec ses propres techniques, sa propre culture. Et les échanges que nous avons eus les uns avec les autres nous auront tous appris et fait évoluer personnellement, professionnellement et artistiquement.
Pour réellement s’épanouir à Gobelins, je pense qu’il faut être très autonome, ne rien attendre de particulier de la part de l’école ou des enseignants. Mais chercher à expérimenter à fond, profiter des locaux, du matériel, de l’expérience des intervenants. Être curieux avant tout, persévérant, demandeur, au point de harceler l’équipe pédagogique si vous voulez réellement apprendre quelque chose de précis ou de démarcher vous-même des intervenants potentiels.
Gobelins, l’école de l’image, dans quel but ?
La formation à Gobelins l’école de l’image est très fatigante, car elle demande un investissement émotionnel et physique intense pour être réellement utile, et pour ne pas s’effondrer psychologiquement.
Il est facile de céder à la facilité et ne faire que ce les coordinateurs nous donnent comme exercices. Or ces exercices sont plus là pour nous guider, pour nous faire découvrir de nouvelles pratiques. Les workshops — et les coordinateurs vous le diront régulièrement — doivent être des soutiens à la découverte de notre propre identité visuelle (même s’ils n’aiment pas le terme d’univers). L’important dans la formation sera vos expérimentations et projets personnels. C’est à ça que forme Gobelins l’école de l’image : le bachelor prépare des photographes et vidéastes auteurs de leurs images, capables de penser, préparer et réaliser des projets de A à Z, qu’ils soient commerciaux ou artistiques.
Ces trois années nous auront aidés — la plupart de mes camarades de la promo 2020 seront d’accord avec moi — soit à développer notre esthétique photographique et approfondir notre technique, soit à trouver le domaine dans lequel nous voulions poursuivre. Nous aurons, pour beaucoup, expérimenter très régulièrement, découvert de nouvelles approches de la photographie en confrontant nos regards et nos références.
Après une (auto) formation et des bases techniques solides, la formation à Gobelins répondra aux personnes ayant besoin de se spécialiser, de se créer en tant qu’entité professionnelle, de se trouver une écriture ou un univers visuel propre. Les trois années offrent un véritable temps et un espace de création très fourni en matériels, trop rare à l’extérieur. Mais le coût du diplôme s’en ressent financièrement.
Le but de ses trois années pour moi était, à mon entrée, de me faire des contacts et d’être engagée dans une agence. Si je n’ai pas encore trouvé d’agent, j’ai tout de même réellement précisé ma pratique en photographie de beauté grâce à des stages auprès de photographes de renom ou dont j’affectionnais particulièrement le travail ; mais j’ai aussi eu la chance d’exposer à plusieurs reprises, de voyager, de découvrir le système de résidence qui me permet d’aboutir des projets plus plastiques, et de prendre un peu plus confiance en mon travail. C’était également un fantastique lieu de rencontres marquées par une créativité foisonnante et beaucoup de passion.
Comment se déroule la formation ?
C’est là que le bat blesse. Le bachelor aura beaucoup évolué entre le moment où j’ai candidaté et l’obtention de mon diplôme. Le nom de la formation elle-même sera passé de « photographe – retoucheur » à « photographe – vidéaste » à notre arrivée en dernière année, sans qu’on en soit avertis.
À notre entrée nous savions que nous aurions quelques cours de vidéo, mais ils ont pris une part bien plus importante. Finalement, au moins la moitié des interventions aura été consacrée à l’apprentissage de la vidéo : cours de camera, de montage sur Première, d’étalonnage sur Davinci, de lumière continue, tout ça plusieurs fois sur les deux dernières années. Côté photo, trop peu d’équivalents : un cours de « terminologie » rapide en première année concernant le matériel d’éclairage studio, un de colorimétrie/sensitométrie, un ou deux de technologie afin de rappeler brièvement ce qu’est un diaphragme, tout ça en première année uniquement. Les seuls cours théoriques et pratiques sur le long terme que nous avons eu, et ils étaient particulièrement qualitatifs, était celui de retouche avec Yann Philippe et celui de narration avec Laetitia Guillemin, tout au long de la première année, qui étaient très complets, et nous ont à tous, beaucoup manqué par la suite.
Le reste des apprentissages se faisait au compte goutte lors des workshops ou ateliers : conférences de présentation des intervenants, mini session d’histoire de la photo en relation avec le thème/sujet du workshop, accompagnement lors des shootings (parfois, et pas auprès de tout le monde, et si l’intervenant le veut bien uniquement).
Au final, les coordinateurs (au nombre de 3 et se faisant la guerre pendant nos deux dernières années) sont assez peu à l’écoute et aucun suivi individuel approfondi n’est effectué. Ils essayent toutefois, mais ils n’ont pas les moyens de suivre 3×35 élèves à eux seuls. Gobelins est donc beaucoup plus à prendre comme une résidence de trois années, en partenariat avec une trentaine d’autres artistes que comme une école où des enseignants vous apprendrons un ensemble de techniques, de théories ou vous donnerons des bases de cultures visuelles.
Gobelins, l’école de l’image, à quel prix ?
Le bachelor photo-vidéo à Gobelins est à un prix exorbitant qui augmente chaque année. Ce prix, il faut bien l’intégrer, comprend les espaces de prise de vue, du matériel haut de gamme professionnel (captation photo et vidéo, éclairage flash et continu, informatique, laboratoires argentique et d’impression), des cours réguliers en première année, l’intervention de professionnels sélectionnés par les coordinateurs lors de workshop, des évènements, le passage des examens auprès de professionnels réputés du secteur.
Ce bachelor n’est ni scolaire, ni théorique, ni technique, ni artistique. C’est un mélange de tout, et l’importance de votre apprentissage dépendra de votre promotion. Tous les grands domaines de la photo sont survolés, un peu dans le désordre. C’est ce qui permet aussi à une classe de 35 de resté concentrée : ceux qui savent où aller poursuivre leurs expérimentations dans leurs coins, trouveront les ressources nécessaires par eux même et profiterons des espaces pour créer, les autres suivront le guide des coordinateurs pour trouver leur voie.
Il ne faut pas espérer payer Gobelins pour apprendre par des enseignants, mais pour évoluer, se trouver et se perfectionner par la pratique et l’expérimentation personnelle. Ce que je trouve très intéressant ici n’est malheureusement pas assumé par l’école sans que je puisse savoir pourquoi, et l’est au prix de ce qui n’est pas présent, mais pourtant bien ancré dans la communication et le référentiel. J’ai toutefois l’impression que cela s’ajuste depuis notre sortie en septembre 2020, au vu des retours des élèves des promotions à venir, et ce malgré la COVID.
Deux années très chaotiques ont donc marqué mon passage à Gobelins, en partie par la mauvaise communication sur le contenu de la formation, et en partie par des évènements ne relevant pas directement de la responsabilité de l’école, mais ayant eu un impact majeur et extrême sur la vie au sein de la section.
Conclusion
Pour conclure, si les BTS photo préparent les étudiants à devenir des photographes professionnels prêts à créer leur propre structure, Gobelins prépare des photographes créateurs autonomes capables de monter et réaliser des projets de A à Z. L’école s’apparente beaucoup plus à un espace de création qu’à un centre de formation. C’est une très bonne option si vous souhaitez une résidence de pratique photo-vidéo guidée sur trois ans, un investissement pour la création d’une identité visuelle qui vous est propre, et un espace fantastique de rencontres.
Je ne regrette absolument pas mon passage à Gobelins, aussi chaotique fût-il. J’aurais seulement aimé y être mieux préparée afin d’en profiter plus en profondeur. Mais j’y ai tissé des liens extrêmement forts avec des personnes qui me sont chères et qui ont fait évoluer ma pratique photographique vers des sentiers que je n’avais encore pas envisagés. Il m’aura aussi fallu presque six mois pour retrouver l’envie de faire des images après mes examens, de par la fatigue émotionnelle et physique que ces trois années auront produite chez moi. Gobelins m’aura appris la résilience. Mais aussi à quel point nous aurons tous été d’une persévérance et d’un courage fantastique pour réussir à en sortir avec des projets aussi ambitieux et qualitatifs !
Adrien, Antoine, Aurora, Blandine, Camille et Charlotte, Camille, Camille, Capucine, Charlotte, Cléa, Constance, Eugénie, Guillaume, Julia, Julia, Laura, Léa, Léa, Lisa, Lou, Lou-Anne, Louise, Lucas, Lucie, Marjorie, Martin, Mathias, Mathilde, Nina, Pierre, Sandrine, Victor et Yvonne.
Si vous voulez en savoir plus sur le bachelor photographie à Gobelins, vous pouvez retrouver différents articles que j’ai rédigé dans lesquels je vous décris précisément chaque année :
- Exigence, perfection, expérimentation : comment ma première année à Gobelins peut-elle vous servir ?
- Gobelins : une deuxième année au bord du burn-out
- 7 différences clés entre les formations photo en France
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1 pensée à propos de “ Tout ce que vous devez savoir avant d’entrer en Bachelor Photo à Gobelins, l’école de l’image ”