Homme à tout faire (réalisateur, acteur, producteur, scénariste et monteur) et immortalisé par Tim Burton, Ed Wood est considéré comme le plus mauvais réalisateur de tous les temps. Né en 1924 dans l’état de New York, il est l’auteur de plusieurs films à petit budget. Si ceux-ci sont célèbres aujourd’hui pour leurs erreurs techniques et leur aspect amateur, Ed Wood n’a pu réaliser du profit de son vivant que pour un seul de ses films La fiancée du monstre (1955). |
Ses débuts
Son premier long-métrage, Glen or Glenda, traite de la transsexualité, ce qui touche notre réalisateur de près. En effet, dès l’age de 4 ans, sa mère l’habille en fille, et Ed Wood déambule ainsi en robe dans le voisinage. Une fois adulte, et même dans les Marines, Wood continuera à porter sous-vêtement féminins et pulls angora (ce qu’on retrouve entre autre dans le biopic de Burton). En tête d’affiche pour ce film, en plus de Wood lui même, Béla Lugosi, célèbre acteur de films d’épouvantes de l’époque.
La fiancée du monstre (1955), Plan 9 from outer space (1959), ou encore the revenge of the dead (1959)… Une véritable collection de maladresses tant scénaristiques que techniques, avec en bonus, l’utilisation d’images d’archives n’ayant pratiquement aucun rapport avec le film (sauf peut-être pour ce cher Ed).
« Il y a pourtant en eux une sincérité qui est fort peu commune et j’ai toujours trouvé cela assez touchant, cela leur donne un côté surréaliste et bizarrement sincère » _ Tim Burton à propos des films de Wood
Ed Wood et Béla Lugosi
Béla Lugosi est un acteur hongro-américain. C’est LE compte Dracula de Tod Browning. Mais il a également joué plusieurs fois d’autres vampires, des Loup-Garou, et autres Zombies carrément classes. En ayant refusé de jouer Frankenstein en 1931 (année de sortie de Dracula), il est alors cantonné aux films d’horreurs de moins en moins qualitatifs (ou de plus en plus mauvais).
Glen or Glenda, Bride of the Monster et Plan 9 from outer space.
Parallèlement, Lugosi devient dépendant à la morphine après quelques problèmes de santé. Il meurt d’une crise cardiaque en 1956 après avoir tourné quelques rush muets pour Ed. Des rumeurs affirment que l’acteur se prenait réellement pour un vampire à la fin de sa vie (#Jalousie ?)… Sur demande de sa femme et de son fils, il est enterré avec une de ses capes.
La fin d’Ed Wood
Détruit pas l’échec cuisant des ses films, Ed Wood sombre dans l’alcool. Dans sa bataille avec le monde du cinéma, et ses idées (qu’il a à profusion), et afin de survivre, le réalisateur écrit un grand nombre de « pulps » horrifiques ou érotiques dans les années 1960. Avant de réaliser lui même plusieurs films pornographiques. Il vivra dans une très grande pauvreté avant de mourir à l’âge de 54 ans.
Ses films sont redécouvert avec l’intervention des critiques Michael et Harry Medved, deux ans après sa mort, qui le qualifient de « plus mauvais cinéaste de l’histoire du cinéma ». D’abord objet de moqueries, les films de Wood sont néanmoins considérés avec respect par beaucoup de cinéphiles. J’évoquerais, moi, la part grand-enfant de Wood, sa tendre naïveté, sa volonté de FAIRE, même sans moyen, même s’il n’est pas reconnu par la critique de l’époque… Ses films sont sans-prétention, et ca nous change bien des petits (et gros) cacas actuellement au cinéma. (Que personne ne me demande si mon prénom vient d’un film… S’il vous plait.)
« Ce qui sidère le plus avec Ed Wood, c’est cette foi inébranlable qui le porte : rêvant ses films, persuadé de tourner d’impérissables chefs-d’œuvre […]. Plus que n’importe qui, il représente un esprit finalement bien trop rare dans l’univers du film en général et du nanar en particulier: la sincérité. » _ NanarLand
Plan 9 from Outer Space
Sorti en juillet 1959, il est considéré par les critiques Michael et Harry Medved (encore eux?!) comme « le pire film jamais réalisé« , titre qu’il partage avec Turkish Star Wars (au moins). Il fait toutefois partie des films culte, tant pour son esthétique Kitsch que pour son côté à la fois comique et grotesque. (Il existe une définition pour « films culte », ca na rien de subjectif, à bon entendeur hein !)
C’est ce film qui permet au réalisateur d’accéder à la postérité. Plan 9 compte d’ailleurs à son génériques plusieurs noms reconnu de l’époque: Lyle Talbot (nombreux serials et Westerns des années 1940), la présentatrice Vampira, le catcheur Tor Johnson, le présentateur télé Criswel et bien sûr Béla Lugosi.
Dans les années 50 les extraterrestres sont alarmé par les débuts de la maitrise de l’énergie atomique. Ils craignent que les progrès scientifiques des Hommes ne les conduisent à anéantir par accident la galaxie. Après une prise de contact avec les gouvernements terriens sans succès (l’armée américaine tire sur les étrangers, comme d’hab…), les extraterrestres prennent les choses en mains et lance le « Plan 9 ». Ce « plan 9 » vise à ressusciter les morts pour punir les humains. Mais, fort heureusement, les américains sont là, se rebellent et luttent contre les envahisseurs!
Petites choses rigolotes
- Afin de financer ce film, Ed Wood et l’ensemble de l’équipe de production se convertissent à l’Eglise Baptiste.
- Béla Lugosi meurt au début du tournage mais Ed Wood décide tout de même d’intégrer à son films les images déjà tournées avec l’acteur. Pour le reste du film, c’est le fameux chiropracteur de sa femme, qui jouera le vampire, en cachant son visage avec une cape…
En 1994 Tim Burton réalise le film éponyme avec Johnny Depp dans le rôle principal et Martin Landau dans celui de Lugosi. Malgré un échec commercial, le film est un véritable succès critique et obtient deux Oscars. Burton se concentre ici sur l’amitié entre Wood et Lugosi et sur les réalisations de Glen or Glenda, Bride of the Monster et Plan 9 from outer space.
Pendant un temps après avoir vu le film, dès que je parlais d’Ed Wood, je citais le pull angora ROSE….Et mon père également. Alors que le film est en noir et blanc… Burton à tellement bien réalisé son film et dirigé ses acteurs, que la couleur passe à travers l’écran. Et nous rentre dans la peau. Il s’agit certainement du film le plus personnel de Burton, avec Big fish.
Pour conclure, et parce qu’à chaque fois que je fais des recherches pour vous, j’ai le droit à une grosse surprise… Une capture d’écran, de ma recherche Google image pour « burton ed wood »… quand tes photos apparaissent au milieu de scènes d’Ed wood, de portraits de Burton, de Depp, de Landau, etc… Je crois que je viens d’accomplir quelque chose 😀