Comme vous le savez, avant d’entrer en Bachelor photographie, retouche et vidéo à Gobelins l’école de l’image, j’ai obtenu un BTS Photographie, que j’ai passée à la SEPR de Lyon. Vous avez été nombreux depuis que j’ai intégré Gobelins à me demander les différences entre mes deux formations photo, laquelle je préférais, etc… Je me suis finalement décidée à vous répondre de manière la plus complète possible, en invitant également d’autres camarades à faire le comparatif avec leurs précédentes formations photo ! En route !
Sommaire
BTS photographie VS Bachelor photographie, retouche et vidéo
Louison et Marin, actuellement en première année de Bachelor photographie à Gobelins, ont eux aussi fait un BTS photo. Louison était à Biarritz, Marin à Paris et moi à Lyon.
1. Technique, théorie et pratique
La principale différence que nous avons notée tous les trois c’est l’enseignement technique et théorique (sensitométrie, optique, électronique, histoire de la photo, droit…) très pointu du BTS qui manque à Gobelins. Et qui est très utile pour se sentir à l’aise et pouvoir profiter de la liberté qu’offre le Bachelor, centré lui sur la pratique.
Pour ma part, j’ai trouvé que le BTS photo manquait cruellement de cette pratique, je n’ai jamais aussi peu fait d’images que pendant mes deux ans à la SEPR. Alors qu’au contraire nos enseignants à Gobelins nous poussent à expérimenter le plus possible, en empruntant des studios et du matériel, en leur montrant nos travaux plus personnels, etc. Toutefois, Louison à eu l’occasion dans son BTS de « louer » des studios et du matériel pour ses shootings personnels, comme à Gobelins et Marin pouvait faire entrer des équipes lors de ses shoots pour le projet final. Cela dépend donc de l’établissement.
2. Gestion de l’entreprise
Ce que j’ai apprécié également en BTS c’est la part de formation à la gestion de l’entreprise et au droit qui était particulièrement poussée : des cours de plusieurs heures toutes les semaines, avec des études de cas, de la mise en pratique, des analyses, etc. Ce qui m’a permis d’apprendre à faire des notes d’auteurs, des factures, de choisir le bon statut pour ce que je souhaitais faire, etc.
À Gobelins, et malgré le fait que ce soit Éric Delamarre notre intervenant en « monde professionnel » nous n’avons eu aucune structure de cours : Éric fonctionne plutôt en répondant à nos questions, en commentant l’actualité, etc. Ce qui est très bien pour ceux comme moi qui ont eu une formation avant, mais qui a pu perdre beaucoup de personnes qui sortait du bac. Il est nécessaire d’aborder ce cours (au nombre d’heures très aléatoire dans l’année) en ayant en tête son livre, ou celui de sa concurrente Joëlle Verbrugge, ou un minimum d’expérience pro.
3. Effectifs
Ensuite, Louison et moi avons ressenti une grosse différence quant au nombre d’élèves par classe : 12 étudiants en BTS qui ne vont pas forcément tous continuer dans le secteur de la photo contre 35 en Bachelor, tous très motivé par l’image. Un nombre qui ne permet pas aux trois (aujourd’hui deux) coordinateurs d’assurer un véritable suivi pour tous ni d’adapter suffisamment les thèmes des workshops pour tous les horizons, ce qu’ils essayent tout de même de faire au maximum.
4. Format des cours
En Bachelor, le système d’enseignement est basé sur des workshops : un thème (par exemple beauté, documentaire, culinaire ou mode) est associé à un sujet (un parfum, le travail) ou un partenaire (Ferrandi, Hélène Cousin). Un ou plusieurs intervenants (les masters) sont invités pour nous chaperonner.
Les workshops débutent souvent avec une conférence où ces masters nous présentent leur travail, ce qui est important pour une bonne image selon eux, puis une description de l’exercice à faire (souvent très libre). Les prises de vues sont réalisées sur une semaine parfois en leur présence, parfois en groupe. Enfin, une présentation des images finales a lieu face à l’ensemble de la classe, et l’équipe pédagogique ainsi que les masters commentent nos visuels.
Ces workshops ou masterclass nous permettent de survoler beaucoup de domaines très différents les uns des autres, à la fois en photographie et en vidéo (intégrée comme part entière à la formation pendant et depuis ces deux dernières années).
En plus de ces workshops imposés à toute la classe, les coordinateurs de Gobelins ont intégré depuis trois ans un mois d’ateliers. Ces ateliers aux thèmes très variés, résidence en campagne, procédés alternatifs et 3D par exemple, accueillent maximum une dizaine d’élèves (répartis sur les trois promos) pendant une semaine ou deux. Chaque élève peut ainsi choisir son ou ses ateliers, partager avec les étudiants des autres promos un savoir-faire, découvrir une technique particulière ou simplement sortir du cadre de l’école pour créer quelque chose en commun avec d’autres étudiants.
Cependant, ce système dépend d’intervenants extérieurs et implique un emploi du temps très variable et parfois un trop grand nombre d’heures (pour ne pas dire jours) en totale autonomie, ce qui peut être à double tranchant, comme l’évoque Louison.
En BTS, l’emploi du temps est relativement fixe : des cours d’histoire de l’art, de droit, de sensitométrie et de technologie toutes les semaines, pendant un certain nombre d’heures fixes également. Le planning est connu à l’avance, et les enseignants (cinq dont trois dédiés photo dans mon cas à Lyon) ne font pas ou très peu appel à des personnes extérieures.
5. Photo et vidéo
En BTS pas de vidéo, mais peut être plus de cours de photo avec des cas plus précis : éclairer le verre, utiliser une chambre grand format, etc. Cependant, la liberté accordée à Gobelins permet d’expérimenter par soi-même la lumière et pour les plus motivés de pousser très loin son apprentissage, ce qu’à retenu Marin.
Mon BTS à la SEPR de Lyon était plutôt orienté nature morte, produit, packshot, comme à Renoir.
6. Prix
Le prix est aussi une très grosse différence pour Louison et moi entre les BTS (publics ou privé sous contrat) et Gobelins. Mon BTS à Lyon me coutait 600 ou 900 € par an, je crois, alors qu’à Gobelins je paye 6900 €/an, et ce montant évolue chaque année. Ainsi Marin et Louison, de la promo 2022 (je suis de la promo 2020) payent 7200 €/an pour un accès à plus de matériel et un carnet d’adresses plus intéressant qu’en BTS.
7. Sélection d’entrée
Enfin, le dernier point important pour Louison concerne la sélection d’entrée dans les deux formations : l’entrée en BTS se fait sur dossier et éventuellement après un entretien avec les enseignants, alors que Gobelins fait passer un concours : écrit, oral et book sont évalués, donnant une note moyenne. Les 35 meilleurs (ou moins mauvais) ont leur place en bachelor.
Licence publique VS Bachelor à Gobelins
Héléna, promotion 2022, et Charlotte, promotion 2020, ont fait un petit détour par l’université avant d’intégrer le bachelor photographie à Gobelins. Héléna à fait une licence cinéma puis un master pro numérique et média interactif, Charlotte à fait une licence art contemporain option art plastique à Paris 8.
1. Théorie contre pratique
Pour Héléna comme pour Charlotte, leur cursus à la fac leur a apporté un bon bagage théorique sur l’image. Beaucoup d’histoire et de philosophie de l’art et étude du travail de grands photographes et artistes à Paris 8 contre des cours de studio, de Photoshop, de droit, de moodboard et de vidéo à Gobelins évoque Charlotte.
Pour Héléna, Gobelins propose un apprentissage technique réellement professionnalisant alors qu’elle était laissée toute seule en master, même si sa première formation lui a appris à réfléchir à ce qu’était une image, à la penser. Héléna est tout à fait satisfaite qu’il n’y ait pas ou très peu de cours théoriques à Gobelins, puisqu’elle a déjà eu cette partie. Les deux formations étant très complémentaires, elle peut donc se concentrer sur ses lacunes à Gobelins, à savoir la technique.
2. Contenu des cours
À Paris 8, Charlotte pouvait choisir des cours à la carte dans tout le domaine artistique, et ce sur les trois années de licence. Un mémoire/projet est à réaliser à la fin avec une part importante d’écrit et de réflexion. À Gobelins, les cours sont imposés et vraiment axés sur la photo/vidéo avec l’intervention de photographes contemporains.
Si à la Sorbonne les trois années sont similaires dans leur construction, en Bachelor les trois années sont différentes : la première année contient peu de masterclass, mais des cours réguliers de retouches et de droit, la deuxième année est remplie de workshop et d’ateliers en tout genre, et la troisième année est consacrée au mémoire. Ce dernier est plus un projet photographique, vidéo ou professionnel. La part d’écrit correspond plutôt à un compte rendu ou une note d’intention et la forme est très libre.
À la fac, elle était évaluée sur des partiels, en contrôle continu et sur des dissertations et analyses d’images. Les notes y étaient très importantes, et ce afin de passer à l’année supérieure. À Gobelins, les exercices sont normalement notés, mais pas de bulletins détaillés et pas de réelle pression : un retour avec les masters après chaque workshop qui nous donnent leurs avis, simplement.
Charlotte regrette que lors de sa licence elle n’ait pu approcher la photographie de publicité ou commerciale, cependant ces domaines sont bien développés à Gobelins. Elle remarque également qu’en licence seulement un stage d’un mois en deuxième année est proposé contre un stage par an obligatoire à Gobelins (15 semaines sur trois ans), et la possibilité d’en faire pendant les vacances scolaires.
3. Prix
Encore une fois, la différence de prix entre une université publique et Gobelins est remarquable, même si Gobelins propose des aides financières (bourse Gobelins, fondations privées, CROUS).
4. Effectifs et suivi
Enfin, Charlotte comme Héléna ont remarqué un point important quant à l’effectif : des cours en amphi à 200 et des cours en groupes plus restreints (40 élèves), mais un nombre d’étudiants qui diminuent année après année à l’université. À Gobelins, seulement une promotion de 35 élèves/ans pour trois (deux aujourd’hui) coordinateurs, ce qui les rend peut être plus accessibles. Charlotte reste mitigée sur cette disponibilité, mais Héléna en est très heureuse : « Les profs à Gobelins font vraiment leur boulot, ils sont dispo et nous apprennent des trucs concrets. À la fac dans mon master pro les profs n’étaient pas comme ça, donc on peut s’estimer heureux ! »
La différence de ressenti se trouve peut-être, au-delà de la fac d’origine en elle même, dans le « moment » où est intervenu notre formation : Charlotte et moi-même sommes arrivées en pleine restructuration de la formation (changement d’équipe pédagogique, de systèmes, de nom de la formation, etc…).
Formations photo: continue VS initiale
Nina, promo 2020, a intégré une formation continue d’un an à l’EFET avant son entrée à Gobelins. Ces deux formations sont diplômantes au même niveau : un titre RNCP II, mais sa formation continue lui a permis d’avoir les bases techniques nécessaires à l’arrivée à Gobelins afin de profiter de ces trois années pour approfondir sa personnalité photographique.
1. Profils des étudiants
Première grosse différence pour Nina, le profil des étudiants des deux formations : des adultes en reconversion et des jeunes qui se sont perdus dans les études à l’EFET contre des élèves qui débutent ou poursuivent leurs études post-bac à Gobelins.
En formation continue, le but est de retourner très vite dans la vie active, et de gagner sa vie avec la photographie dès la sortie de l’école. En revanche à Gobelins, si l’appui est donné à une inscription dans le monde professionnel dès la sortie, une bonne majorité d’étudiants préfère poursuivre leurs études dans d’autres écoles, en France (la FEMIS par exemple) ou à l’étranger (Royal College of Art).
2. Effectifs et suivi
Le nombre de 14 élèves seulement par promotions à l’EFET « garantissait une attention spécifique à chaque élève lors des exercices », mais pas de suivi sur le travail personnel par manque de temps.
À gobelins, les promos sont plus grandes. On se retrouve donc la plupart du temps en autonomie, sans vrai cadre. Ici, « nous sommes incités à réfléchir à nos propres projets, à créer pour nous, et à expérimenter la technique par nous même ».
3. Planning et format des cours
À l’EFET, les semaines sont chargées, avec des cours hebdomadaires (histoire de la photo, sensitométrie, sémiologie, lumière studio, etc…) où chaque enseignant, vu une fois par semaine minimum, a son cours. Pas de prise de vue individuelle, mais des exercices correspondant à des compétences très précises : éclairage d’un fond blanc, réalisation d’une nature morte publicitaire, etc…
Trouver sa voie artistique n’est pas particulièrement enseignée ou encouragé en Formation Continue. Seuls les aspects techniques et esthétiques y sont évalués, en sommes toutes les bases nécessaires à un photographe professionnel que Gobelins « au contraire a négligé de nous apprendre ».
En revanche en bachelor, on nous pousse beaucoup plus à expérimenter, à conceptualiser des idées, à nous faire notre propre personnalité, etc… Les coordinateurs essaient de cibler les envies de chaque promotion et de proposer des cours adaptés à leurs besoins en faisant appel à des intervenants extérieurs. « Les liens avec les coordinateurs et intervenants ne se font pas particulièrement pour un sujet, mais ce sont des suivis plus globaux, selon les affinités avec les professeurs. »
Tableau récapitulatif
Pour plus d’information sur les cours de BTS vous pouvez lire les articles taggués correspondant, de même pour des infos sur ma formation à Gobelins.
bonsoir,
J’ai lu avec curiosoté vos articles. C’est tres interessant pour qui n’a pas eu de formation à l’image et votre tableau comparatif resume bien tout celà. J’habite prés de la Belgique dont les formations ont, à ce que j’en ai entendu, une bonne réputation. en avez vous entendu parler ?
Des photos qui me plaisent dans votre portfolio. Bon courage pour vivre de votre passion.
Cordialement. René
Bonjour,
Navrée, mais je ne connais pas les formations de Belgique. J’ai rencontré des élèves de l’école Agnès Varda lors du campus étudiant des promenades photographiques de Vendôme. Ils en avaient l’air satisfait, et ils étaient tous très doués !