Dans le cadre de mon Bachelor à Gobelins, l’école de l’image, j’ai intégré le campus étudiant d’un festival photographique français. Sorte de résidence photo, réservée aux écoles de l’image et tournée vers l’international, nous nous sommes retrouvés à Vendôme, dans un camping, avec 4 autres écoles dans le but de réaliser une fresque collective pour le festival. Suivez moi, je vous raconte tout !
Les promenades photographiques de Vendôme
Vendôme est une commune à 45 minutes de Paris, dans le Loir-et-Cher qui accueille tous les étés un festival photo: Les Promenades Photographiques de Vendôme.
Cette année le festival se tient du 22 Juin au 2 septembre. L’une des priorités du festival est de promouvoir des auteurs et des sujets inédits, en exposant à la fois des photographes reconnus, mais aussi des noms oubliés ou des artistes émergents. Et pour faciliter l’accès à la culture, les entrées sont gratuites.
Concernant la jeune photographie, le festival propose plusieurs évènements: une exposition réservée aux étudiants en fin de cursus et couronnée par le Prix Mark Grosset, et un campus photographique. C’est à ce campus que j’ai pu participer, lors des deux semaines précédent l’ouverture des Promenades, du 11 au 22 Juin 2018.
Le campus étudiant
Qu’est-ce que c’est ?
Le campus international est organisé par les écoles participant au prix Mark Grosset, sous la coordination de Odile Andrieux (directrice du festival) et d’un photographe de renom. Cette année, c’est Mat Jacob (du collectif Tendance Floue) qui nous a accueilli. Chaque école proposait donc quelques étudiants (entre 4 et 6), accompagnés d’un de leurs professeurs. Nous nous sommes retrouvés à 5 écoles: l’EMI, l’ETPA, l’atelier photo de la Sorbonne, Agnès Varda (Belgique) et bien sûr, Gobelins.
Qu’est-ce que j’y ai fait ?
Le but de ce campus est de découvrir différents points de vue et d’enrichir nos connaissances, en travaillant sur un projet commun: celui d’une grande fresque collective, en extérieur, et présentée lors des deux mois du festival. Nous sommes restés deux semaines, avec un planning plutôt chargé, mélangeant prise de vue, rencontres, conférences, et installation de l’exposition collective.
La fresque avait pour thème “Slogan” en écho à Mai 68 et nous avons travaillé en petits groupes sur des sujets plus précis: La vie est ailleurs, L’imagination au pouvoir, La liberté en chantier, La beauté est dans la rue, Vivre au présent.
Le travail photographique
La plupart des élèves ont travaillé sur des séries personnelles mais le groupe de La liberté en chantier a préféré réaliser une unique scène, reprenant La liberté guidant le peuple de Delacroix.
Personnellement j’ai intégrer le groupe “La vie est ailleurs” et ai poursuivi un projet entamé lors d’un autre voyage-résidence. Après discussion avec les profs et mon groupe, nous avons conclu que mon projet était peut être trop ambitieux pour seulement 5 jours de shooting, et difficilement compréhensible sans texte d’accompagnement. Je me suis donc rabattu sur des images d’illustrations, pouvant tout de même faire partie de ma série.
Les autres de Gobelins ont travaillé sur des sujets totalement différents. Sandrine qui était dans le même groupe que moi est allée photographier les résident d’une maison de retraite. Un travail loin des clichés habituels (dans les deux sens). On ressent le temps dans ses images, le moment présent, et l’envie de simplement faire une image, montrer qu’on est bien là, maintenant. Sans vouloir faire passer un message. Juste passer un bon moment et se faire plaisir.
Louise à travailler sur le thème de L’imagination au pouvoir et a joué avec l’idée d’imagination comme échappatoire. « Par le biais de la post-prod j’ai crée pour chaque image sa version parallèle à la réalité. Un environnement morne était rejoint de couleurs plus chaudes ou encore, un environnement urbain de végétation. De façon assez systématique, la mise en abyme servait d’outil pour mettre en avant l’idée de monde parallèle » .
Yvonne faisait partie de La beauté est dans la rue. Elle est restée très “studio”: elle est allée à la recherche d’élément industriels/manufacturés, symbolisant la ville, la rue, et les a regroupé sur un fond blanc, accompagnés de végétaux. Tout ça en lumière naturelle.
Léa s’est intéressée au thème Vivre au présent en travaillant sur l’éphémère, le land art, et les slogans. Camille était le vilain petit canard du groupe La liberté en chantier puisqu’elle à préféré faire une série personnelle au lieu d’une image collective. Elle s’est attachée à représenter la notion de liberté à travers la nature, et ses différentes formes et mouvements.
Les rencontres, conférences, et interventions
Le campus photographique nous a aussi permis de participer à des conférences, rencontres et réunions d’informations. En plus de nos professeurs qui ont supervisé notre travail pendant une dizaine de jours nous avons pu échanger avec Ljubisa Danilovic (photographe), Marc Simon (membre du jury du prix Mark Grosset), Sandrine Dussolier (de l’ADAGP) et Cyril, représentant de Fujifilm France.
Le campus à en effet commencé avec l’intervention de Cyril, de Fuji France, partenaire des Promenades photographiques. Cyril est venu nous présenter (et prêter) le Fuji X-PRO 2. Présentation commerciale dans l’essence même, mais assez agréable, Cyril nous voyant arborer nos argentiques autours du cou, et ne cherchant pas à faire des ventes sur cette journée. Nous avons a peu près tous essayé le boitier, certains, avec enthousiasme, l’ont même gardé pour réaliser le film « backstage ».
Au début de la deuxième semaine nous avons rencontré Ljubisa Danilovic. Photographe français d’origine yougoslave, Ljubisa est membre du collectif Tendance Floue. Il réalise principalement des reportages (photographiques et vidéo), mais de manière particulièrement poétique. Avec Sabrina Biancuzzi il dispense des masterclass sur l’écriture photographique à Paris. Il est également ambassadeur Fujifilm (tient donc…). Lors du campus, il est principalement intervenu sur la construction des séries, la narration, et les réponses que peuvent se faire les images entres elles. Comme exemples, il a utilisé des extraits de son livre « La lune de Payne » , exposé en ce moment à Vendôme et Arles. Puis Ljuibisa a passé l’après-midi à étudier nos portfolio, entre références, débats, incompréhensions et désaccords. Sur le statut de la « bonne photographie » , entre images « d’illustrations » et séries documentaires, ou même sur les réseaux sociaux « néfastes » pour le monde de la photographie… On en reparle plus tard 😉
Enfin, la veille du vernissage, deux intervenants dans la même journée: Marc Simon, ex-directeur photo de VSD et membre du jury du prix Mark Grosset, nous a présenté son travail au sein du magazine, son parcours (un peu) et ce qui est important quand on propose des images à une édition. Quelques séries de questions-réponses appliquées à nos travaux et Marc Simon laisse la place à Sandrine Dussolier.
Sandrine Dussolier est venue (re)présenter l‘ADAGP, Société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques. L’ADAGP est une société à but non lucratif de gestion des droits d’auteurs, dans le domaine des arts visuels qui représente plus de 130 000 personnes, toute discipline confondus. Elle a pour mission non seulement la perception et la répartition des droits d’auteurs pour le compte de ses adhérents, mais aussi la défense de ces droits auprès des pouvoirs publics ou devant les tribunaux.
Qu’est-ce que j’en ai retenu ?
D’abord l’expérience du festival en lui même: voir les expositions se monter, participer à l’accrochage de nos images, voir des œuvres et rencontrer les artistes fut un moment assez chouette. J’ai ainsi découvert les travaux de Julien Daniel (encadrant des l’IMIE également), Remi Chapeaublanc et Pierre Faure.
Lors du vernissage j’ai aussi pu rencontrer et discuter un temps avec Sarah Moon, et ça c’était vraiment vraiment épique. Je n’ai malheureusement pas eu le temps de lui poser certaines questions qui me tenait à cœur, mais c’était déjà assez magique !
Enfin, concernant le campus. Nous avons tous eu un retour individuel sur une série d’image avec Ljubisa et/ou les professeurs encadrants avec quelques pistes en terme de narration, ou de références, de manière très encourageante, et ça c’est assez rare, même en école. Grâce aux échanges avec les différentes écoles, nous avons pu aussi découvrir différentes façon d’envisager la photographie. J’ai eu un échange hyper intéressant avec Badr de l’école belge Agnès Varda, sur son travail, le miens, et ce qui est important dans le fait de faire des images.
Alors merci à toi Badr. Juste avec cette discussion, le voyage est complet.
D’autres articles sont parus au sujet du campus: le premier par les élèves de l’ETPA et le second sur le web magazine photo Cleptafire. Je vous laisse allez y jeter un oeil 😉 Vous trouverez aussi sur Vimeo le film photographique présentant nos travaux (quelques images/séries). Ha! Et ma copine Camille Grelaud a aussi écris un article sur le campus, allez lire ça !