⚠ Cet article est particulièrement technique. Il s’adresse à des personnes déjà familiarisées avec les grandes notions de photographies (ouverture/diaphragme/profondeur de champs, vitesse, grandissement, focale…).
Une chambre photographique est un appareil de prise de vue grand format utilisant à l’origine un film négatif sur plaque de verre, et aujourd’hui un plan film 1 ou un dos numérique. Par « grand format », on entend des films qui ont des dimensions de 6x9cm à 20x25cm (rares sont les formats supérieurs). En argentique, ce type d’appareil ne permet qu’une prise de vue unique, c’est-à-dire qu’il faut insérer un nouveau châssis porte-film pour chaque prise de vue. Même si ce type de matériel peut être lourd et encombrant, il reste utilisé aujourd’hui en architecture, ou en reproduction d’œuvre d’art.
L’invention de la chambre photographique date de l’invention de la photographie avec la camera obscura.
- Les chambres foldings (à partir de 1880) sont plutôt légères et utilisables à la main. Elle sont formées comme une boîte pliante. Décentrements sur les corps avant horizontal et vertical, très rarement sur le corps arrière (nous verrons plus tard ce que ça signifie 😉 ). Tirage assez faible.
- Les chambres monorails, d’invention récente, connaissent de très nombreuses fabrications et leurs possibilités sont diverses. Les corps avant et arrière sont symétriques et fixés sur un rail; la lisibilité est exemplaire, l’amplitude des mouvements également. Matériel très modulable, avec des possibilités sans fin (sauf sur le plan budgétaire).
Je prendrais ici comme exemple la chambre Sinar F2, la seule que j’ai eu l’occasion d’utiliser. Voici les principaux éléments:
Il existe deux types de décentrements : le décentrement direct qui correspond à un mouvement de translation vertical ou latéral et le décentrement indirect qui est un mouvement de bascule. Traditionnellement, on utilisait le décentrement pour les photos d’architecture afin que les verticales de l’édifice photographié soient représentées par des verticales parallèles dans l’image.
- Décentrement direct : utilisé pour éviter d’avoir l’appareil dans l’axe optique (photo d’un miroir), faire un panorama sans avoir à déplacer la chambre et sans modification de la perspective, ou refaire le cadrage après une bascule.
⚠ Petite note concernant la perspective: celle-ci ne dépend que du point de vue, et non pas de la focale. À distance égale, le changement de focale modifie uniquement la taille du sujet.
La profondeur de champ dépend de l’ouverture du diaphragme et du grandissement et se répartit de part et d’autre du plan de mise au point.
- Plus le grandissement est important, plus la profondeur de champ est faible.
- Plus le diaphragme est ouvert, plus la profondeur de champ est faible.
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Pour un même grandissement, quelle que soit la focale, la profondeur de champ sera la même.
Si les 3 plans (plan du sujet, plan de l’objectif, plan image) sont parallèles entres eux, l’objet sera reproduit avec netteté. Cependant, dès que l’un des plans est incliné, la netteté ne sera assurée sur tout le plan de l’objet, seulement si les plans se recoupent en une même ligne. C’est la loi de Scheimpflug.
Il existe aussi un Anti-Scheimpflug qui correspond à créer un autre point d’intersection. Par exemple, avec un échiquier (posé à plat, point de vue plongeant). On veut la netteté de l’avant-plan à l’arrière-plan mais uniquement sur une bande centrale. Le but est alors de bien avoir la netteté de haut en bas (comme un scheimpflug normal). Mais il va falloir la réduire de gauche à droite (anti-scheimpflug).
1. Réaliser un Scheimpflug: Bascule verticale avec le point au centre de l’échiquier. Netteté sur tout le sujet. |
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2. Réaliser l’anti- Scheimpflug: Bascule horizontale et refaire le point au centre de l’échiquier. Netteté de haut en bas, seulement sur la partie centrale du sujet. |
La chambre photographique est encore utilisée de nos jours, principalement en architecture, en photographie culinaire et pour la reproduction de document. On assiste également à un retour à la chambre en séance portrait, pour « l’effet » qu’elle peut produire.
Le premier avantage est la possibilité de redresser les fuyantes et de corriger le cadrage très facilement grâce aux différents mouvements. De plus les chambres permettent de choisir précisément son point de netteté et de doser et placer le flou comme on le souhaite . Enfin, un point très positif selon moi, c’est le temps. Le temps que nous prend la chambre est particulièrement conséquent. Surtout au début, quand on ne la maitrise pas tout à fait, quand on vient du numérique, etc… Mais le prix des plans-film, et l’absence de vision directe nous imposent de bien composer notre image dès le début. Prendre son temps. Évaluer sa lumière (avec un flashmètre), choisir son cadrage, bien penser sa composition, etc…. Et finalement, même si ça peut très vite nous prendre la tête en tant que débutant, je pense que cela nous a tous fait beaucoup progresser.
Aujourd’hui, il existe également des Dos numériques2 qui facilitent l’utilisation des chambres et le passage au numérique. La société LargeSense propose depuis 2016 des chambres numériques. Pour nos boitiers reflex il existe aussi des objectifs à décentrements : Les TS-E chez CANON (17mm, 24mm, 45mm et 90mm), PC-E chez Nikon (19mm, 25mm,45mm, 85mm), T-S chez Samyang (24mm).
F/1.4) ou sur le tuto de The Clickin Moms.
Pour plus d’informations, vous pouvez aller zieuter du côté de Galerie-photo.com, et Focus Numerique en plus de Wikipedia, bien sûr 😉 . Il y a aussi Hasselblad qui propose un guide d’apprentissage plutôt très très bien fait !
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